Association d'Aide aux Familles en Difficulté

aafdvaldesaone.wifeo.com
 
 
La newsletter confinement de l’AAFD 
L'association d'aide aux familles en difficulté du val de Saône
Lettre  n°6 , 
Mai 2020 
 
EDITO
Parce que la crise sanitaire que nous connaissons et le confinement impactent tout le monde, mais plus difficilement encore ceux qui vivent dans la précarité, nous avons eu envie de sortir une lettre d’info consacrée à cette actualité. Et comme seul le virtuel nous permet de continuer à communiquer, la lettre d’info de l’AAFD se transforme en Newsletter… Bonne lecture, et portez-vous bien ! 
Solidarité : Confection de masques pour les soignants 
Afin de pallier à la pénurie de masques pour les hôpitaux, la société filtrationsa a fait homologuer un tissu filtrant pour réaliser des masques chirurgicaux homologués qui manquent tant à nos soignants. Ayant la matière première nécessaire à leur confection mais des moyens de production limités, la société a fait appel aux couturiers volontaires. 4 bénéficiaires de l’AAFD ont répondu présents à cet appel à solidarité. L’un d’entre eux prépare les élastiques, 3 autres réalisent l’assemblage par couture. Quelques bénévoles ou sympathisants de l’AAFD participent également. 
Témoignage d’une famille à la rue pendant le confinement
Aujourd'hui on va vous expliquer les difficultés qu’on a eues depuis qu’on est arrivé en France et comment l’AAFD (Association d‘Aide aux Familles en Difficulté) nous a aidés. On est arrivé en France en 2018, mon frère avec sa femme sont arrivés en 2017. Avant on habitait dans un appartement mais l'appartement n'était pas déclaré ; du coup le propriétaire nous a fait sortir. De là on a été obligé d’aller vivre dans un squat. Après il y a eu la naissance de mon neveu et c'était vraiment difficile d’habiter là : il n'y avait pas de cuisine et il y avait les mêmes toilettes pour tout le monde parce qu’on était une quarantaine à vivre là. C'était déjà difficile pour nous d’habiter là, mais alors avec un bébé, c'était encore plus difficile. Après ça, il y a eu le confinement et ça a rendu la situation encore pire pour nous. L’AAFD a su qu'on habitait dans un squat dans de telles conditions. Elle a alerté les services de la métropole qui n’ont rien proposé. Grâce à un appel à dons auprès des adhérents et du collège Jean Renoir, L’AAFD a trouvé une solution. D’abord on est resté 1 mois dans un hôtel ; c'était pas facile, car on ne pouvait toujours pas faire la cuisine, mais c'était toujours mieux qu’un squat. 

A l'hôtel, l'AAFD nous a aussi amené des aides alimentaires de L’ASVS (Amitié Solidarité Val de Saône).
Après être restés plus d’ 1 mois dans l'hôtel, l’AAFD nous a appelés et nous a dit qu’ils avaient une belle surprise pour nous.  
De là, on est allé visiter un appartement vide de la paroisse. On y est rentrés deux jours après parce qu'il manquait certaines choses. On est très heureux et on remercie énormément l'AAFD parce que ça nous a vraiment aidés. On les remerciera toujours !
Xheni
 
Intervention de l’AAFD pour cette famille
Lorsque nous avons su que cette famille habitait dans un squat au début du confinement, qui plus est avec un bébé d’un mois, nous avons tenté diverses démarches pour les aider à trouver un logement salubre pendant cette période. Malgré des demandes répétées au 115, à la Métropole et au CCAS de Neuville sur Saône, aucune possibilité de logement d’urgence ne leur a été proposé. Le CCAS de Neuville a finalement accepté de leur payer 3 nuits d’hôtel et nous avons décidé de lancer une cagnotte en ligne pour essayer de prolonger leur séjour à l’hôtel. Xheni étant scolarisée au collège Jean Renoir, les dons des professeurs et parents d’élèves ont été conséquents. La cagnotte en ligne a été partagée via les réseaux de chacun et nous avons été agréablement surpris devant la somme récoltée. Nous avons donc pu payer 1 mois d’hôtel à la famille. 
Comme le dit Xheni, vivre à l’hôtel n’est pas aisé, il n’y a pas de quoi cuisiner, mais les conditions d’hygiène étaient au moins correctes. Nous avons continué dans le même temps à solliciter les différents acteurs de l’aide d’urgence, sans succès. Apprenant qu’un appartement de la paroisse à Fontaines sur Saône était innocupé, nous avons demandé à pouvoir les y loger. La paroisse a accepté de le louer à l’association, le temps de passer cette crise sanitaire. Aujourd’hui, les dons collectés nous permettent d’envisager de payer deux mois de loyer. Nous avons lancé un appel à dons réguliers afin de pouvoir envisager une location long terme pour cette famille. Sans cela, nous ne pourrons continuer à les loger… Nous profitons de cette lettre pour remercier chaleureusement, au nom de l’association et au nom de cette famille, tous les donateurs pour leur générosité et la paroisse pour avoir accepter de louer cet appartement. 

                        Histoires de confinement

LE CONFINEMENT CHEZ NOUS
Toute restriction à la liberté d'une personne n'est pas facile. La liberté de mouvement, aller à l'école, au travail, faire du sport...toutes ces habitudes quotidiennes sont interdites. Ne pas voir d'amis est l'une des choses les plus difficiles. Comme la santé passe avant tout et nous devons penser aux autres et pas seulement à nous-mêmes, nous adhérons aux instructions et règlements. NOUS SOMMES RESTÉS CHEZ NOUS! Les filles ont passé beaucoup de temps à faire des devoirs, comme tous les enfants. Hena pense même qu'elle en a plus que lorsqu'elle va à l'école ???? Ce qui lui a le plus manqué, c’est le tennis. Elle a essayé de jouer un peu dans l'appartement, mais ce n'était pas ça. ???????? C'est pourquoi elle a regardé les rediffusions des tournois ATP et WTA de ces dernières années. Nous avons profité d'une heure par jour pour une promenade au bord de la Saône, faire du vélo ou un peu d’exercice physique. ????? Moi, j'ai passé beaucoup de temps dans la cuisine. Nous avons tous pris un peu de poids. Mais bon...cela va passer. En espérant que cela aura été une leçon pour nous!
Aïda
Je suis Farouk, né en Algérie, père de 2 enfants, une fille de 7 ans et un enfant de presque 3 ans. Pendant ce confinement, c'est une période très difficile surtout pour les enfants. Ils disent toujours qu’ils s’ ennuient, qu’ils n’ont rien à faire. Ma fille Thiziri toujours le répète, parce que l'école c'est la colonne vertébrale de l'enfant. On a un petit appartement, on a pas le choix. Avant, les enfants sortaient au parc le week-end ou bien dans l'après-midi. Mais ils ont rien à faire sauf que c'est nous qui faisons les cours à la maison à l'aide des emails de leur maitresse. Grâce aux aides des associations (AAFD et secours populaire et catholique, et même Habitat saint Roch) notre situation ne se dégrade pas trop. Mais je ne vous cache pas que c’est vraiment très difficile. Quand on voit ou bien on attend le discours du président de la république qui nous a complètement oubliés, vraiment c’est triste. Mais grosso modo, la vie c'est comme ça, comme une courbe climatique. C’est ma 4ème année en France, j'espère que notre situation et celle de tous va s’améliorer. Farouk 
Pendant le confinement, J’arrive à m’organiser entre les cours du collège et l’emploi du temps de la maison. Je travaille aussi l’anglais et l’Arménien, quand j’ai du temps libre. Les professeurs nous appellent chaque semaine pour prendre des nouvelles. Ils nous envoient le travail à faire pour la semaine. De la même façon ma mère est en contact avec ses professeurs et les éducatrices de la crèche de David. Ma sœur et mon frère vont très bien, ils jouent ensemble, mais ils se disputent souvent. On regarde des films les soirs, on joue aux dominos, à l’ordinateur, on dessine, on fait de la pâte à modeler, on lit des livres avant d’aller se coucher. Nous laissons notre créativité s’exprimer. Nous avons fêté mon anniversaire et Pâques pendant le confinement. On applaudit chaque soir et on soutient tout le personnel soignant. Avec ma mère on fait beaucoup de pâtisseries. Mes parents vont très bien, on s’occupe comme on peut. On sort une fois par semaine dehors à côté de la maison pour prendre l’air. Nous prenons des nouvelles de la famille en Arménie. Mais l’ennui commence à se sentir. Je suis impatiente de retourner au collège.
Ani
Je m'appelle Lylia, je souhaite partager ce texte sur mon ressenti avec le confinement. Mon quotidien qui commençait à 6h40 pour l'école de mon fils semble d'une autre époque. On l'a pourtant vu arriver progressivement, en Chine, en Europe, chez les voisins. Mais personne n'était prêt à laisser ses habitudes de côté. Certains ont vu leur vie se ralentir à l'essentiel, à se demander comment réussir à occuper sa journée ; d'autres à l'opposé, surtout le personnel soignant qui travaille jour et nuit pour sauver des vies, sont exposés à ce virus. Merci à eux, que je remercie pour leur courage. Que Dieu les protège ! Cloitrés chez nous, nous n'avons jamais été si proches de notre lieu de vie. C'est donc le bon moment pour me demander « Est-ce que j'aime ma vie ? ». Je suis obligée de répondre non car je n'ai pas de vie. Ce confinement, je le vis mal, car mon fils reste à la maison. Il n’a pas d'école malgré encore un peu de suivi à distance. Mais ce n’est pas pareil, surtout pour lui qui a besoin de son AVS. Son infirmière l’appelle chaque mardi. Il a encore un peu de suivi avec son orthophoniste, 2 fois par semaine par Viber. J'essaie de vivre quand même, de faire la classe pour mon fils avec ce que la maitresse m'envoie. Ce confinement, je le vis mal car je n'ai pas de ressources. Heureusement, j'ai le soutien de l'AAFD que je remercie pour son aide. Je remercie aussi toutes les personnes et toutes les associations qui m’accompagnent afin de supporter cette difficile période.
Lylia 
Message pour les soignants de Sylvie (5 ans)
et Ani (12 ans)

                            Témoignage d’une bénévole de l’AAFD 

Je suis Severine, je suis née en France et la seule guerre que j’aie vécu, c’est celle pour laquelle on nous demande de rester chez nous… En vrai, ce n’est pas une guerre, c’est juste le seul moyen que nous ayons de nous protéger de ce virus puisque nos gouvernements successifs ont cassé l’hôpital et n’ont fait aucun stock de masques, blouses, respirateurs, etc… tout ça parce que les stocks, ça coûte cher… Alors on nous demande de rester chez nous… pour moi, je vous avoue, c’est facile, mes ressources ne vont pas drastiquement diminuer, j’ai un grand appartement, mes enfants suivent bien les devoirs envoyés par leurs professeurs et je trouve toujours une occupation. J’ai plusieurs engagements bénévoles pour lesquels il y a toujours quelque chose à faire. J’ai rejoint l’AAFD il y a 3 ans quand j’ai découvert qu’un copain de mon fils, venu de République Démocratique du Congo allait être expulsé avec sa famille… Avec ma famille, nous n’avons pas beaucoup réfléchi avant de les accueillir et de nous battre avec eux pour leur faire obtenir le droit d’asile. Moi qui avais l’habitude de militer, j’ai découvert un nouvel engagement qui apportait du concret, une aide directe. J’ai intégré l’AAFD et découvert tant de si belles personnes qui œuvrent au quotidien pour les autres. Mon plus émouvant souvenir, hormis les victoires que sont les régularisations, bien que trop peu nombreuses, ce fut un soir de décembre. 
Alors que nous tenions une réunion habituelle avec les familles que nous aidons, une famille avec deux jeunes enfants nous apprend qu’elle a été mise à la rue et qu’elle n’a nulle part où dormir ce soir. Il faisait froid, et puisque le 115 ne pouvait rien pour eux, cette famille allait devoir dormir à la rue. J’avais à coté de moi ces deux jeunes enfants de 5 et 6 ans qui n’avaient rien demandé… La famille avait dû quitter son pays car le père s’était engagé dans une association œuvrant auprès de personnes en difficultés (des femmes victimes de violences, des personnes LGBT persécutées, etc…) et sa vie était menacée pour son engagement. Comment ne pas être remués par cette situation ? C’est une famille, comme la mienne, et leur seul tort était d’avoir fait comme nous, avoir aidé des personnes en difficulté… Nous étions tous retournés. On a beau côtoyer ces familles qui ont toutes une histoire qui vous touche, on ne s’habitue jamais. Alors l’un de nos collègues a appelé son épouse pour qu’elle prépare une chambre pour eux… Sans se poser de questions, il ne lui était pas possible de laisser cette famille dehors en plein mois de décembre… Voilà pourquoi j’aime œuvrer à l’AAFD. Parce qu’on y rencontre des personnes d’une grande générosité, parce chacun s’engage, à la hauteur de ses possibilités, mais tous ont envie d’un monde meilleur pour toutes et tous, d’où qu’ils viennent, quelle que soit leur histoire… Vous aussi, rejoignez l’aventure AAFD !
Severine  



Créer un site
Créer un site