Association d'Aide aux Familles en Difficulté

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La lettre de l’AAFD
L’Association d’Aide aux Familles en Difficulté du Val de Saône
 N°1, octobre 2016
Un combat humanitaire et militant
près de chez nous
 
L’AAFD (Association d‘Aide aux Familles en Difficulté) est née en 2007 à Fontaines Saint Martin (avant de rayonner sur le Val de Saône) du constat que les familles sortant des CADA (Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile) de notre secteur, en étant déboutées du droit d’asile politique, ne peuvent poursuivre la recherche de leurs droits qu’avec une aide extérieure car, sans aide, elles connaissent une période d’extrême précarité.
 
L’AAFD a été créée en 2007 avec le souci humanitaire et militant d’aider ces familles à faire poursuivre une scolarité la plus normale possible à leurs enfants, scolarité commencée plusieurs années avant dans les écoles, collèges ou lycées de notre environnement.
 
L’action de l’AAFD, proche du Réseau Education Sans Frontière (RESF), s’appuie sur la mobilisation d’enseignants, de parents d’élèves et de bénévoles. Elle s’appuie aussi sur d’autres Associations comme la CIMADE, Forum Réfugiés, Médecins du Monde et agit en lien avec d’autres Associations de notre secteur géographique dont le but est voisin : Restos du Cœur, Secours Populaire, Secours Catholique, Habitat Saint Roch, Association Solidarité en Val de Saône…
 
Les revenus de l’association sont essentiellement les dons, ponctuels ou réguliers, de ses adhérents, des collectes dans certains établissements scolaires et aussi les bénéfices des manifestations organisées avec la participation des familles (concerts, repas, brocantes, vente de gâteaux, …).
 
Le premier lundi de chaque mois, une réunion avec les familles permet de faire le point pour chacune d’entre elles et de leur apporter notre soutien moral et matériel : règlement de certaines factures comme les cartes d’abonnement aux TCL, des timbres fiscaux, les assurances scolaires, des frais d’avocats, etc.
 
L’Association est de plus en plus souvent confrontée à la question du logement. Nous sommes amenés à payer quelques nuits d’hôtel à des familles à la rue depuis des semaines pour qu’elles puissent se reposer un peu. Des solutions sont parfois trouvées chez des particuliers qui acceptent d’accueillir une famille pour un temps limité, ou encore dans le parc locatif lorsque les conditions financières le permettent.
 
De plus, des bénévoles « référents » accompagnent les familles dans leurs démarches administratives : Préfecture, Avocats, Sécurité sociale, etc. et leur apportent un soutien psychologique.
 
Depuis la création de l’association, le nombre de familles aidées ne cesse d’augmenter même si, de temps en temps, une famille nous annonce la bonne nouvelle de sa régularisation.
 
Pour faire face à cette situation nouvelle, le Conseil d’administration a entrepris de renforcer l’organisation de l’AAFD notamment par la création de commissions, chacune chargée d’un aspect de la vie de l’association. Et surtout il lance un appel à la venue de nouveaux bénévoles et à l’implication du plus grand nombre à ce combat humanitaire près de chez nous (voir détails en page 4). 

























L’AAFD à la brocante de Fontaines-Saint-Martin. 








La peinture aussi pour s’exprimer… 






 
L’itinéraire d’une famille de réfugiés, la famille Salihu
La famille Salihu, d'origine ashkalie, vivait au Kosovo où les minorités sont particulièrement discriminées et persécutées. Fin 2010, après 10 ans d'errance dans divers pays des Balkans et une nouvelle agression, ils fuient pour la France. En raison des persécutions qu’elle y subit, cette famille ne peut en effet pas envisager un retour au Kosovo. Pourtant, leur demande d'asile est définitivement rejetée par la CNDA le 19 décembre 2011 puis la demande de titre pour raisons de santé de Madame lui est refusée en mars 2012 et est assortie d'une OQTF (obligation de quitter le territoire).
Après maintes démarches et péripéties, le titre de séjour tant attendu leur est enfin accordé le 14 décembre 2015. Ils peuvent alors entamer une nouvelle vie en France où cette famille est désormais bien intégrée et très respectueuse des règles.
Pour les 4 enfants, âgés alors de 5 à 11 ans lors de leur arrivée en France et  qui n'avaient jamais pu être scolarisés, l'école est un lieu où ils s'investissent et font de constants progrès. Ils sont très appréciés par leurs enseignants et les autres élèves. Monsieur est bénévole dans les associations locales. Denis, l'aîné, a rejoint la chorale RESF où il est aussi très apprécié.
Vie précaire et peur au ventre
Le récit de Ragip, lors d’un atelier d'écriture en octobre 2012

« Le 14.09.2010, quand je suis arrivé en France, les 3 premiers  jours, je ne savais pas quoi faire. Je demande à des gens que je croise dans la rue, où il faut aller pour  s'inscrire auprès de la préfecture. J'y suis allé à 9h du matin, j'ai attendu mon tour ; ils m'ont donné un récépissé et m'ont dit d'aller à Forum Réfugiés pour trouver un logement.
 
La 1ère nuit, j'ai dormi dehors et le lendemain, ils m'ont trouvé une place à l'hôtel de Perrache. Là je suis resté 1 mois et après, ils m'ont mis dans un foyer à Flachet. Là on est resté pendant 5 mois. Après ça, on nous a rechangé de place pour un autre foyer qui s'appelle CADA Adoma à Fontaines St Martin. On y est resté 10 mois.
 
Après 10 mois, la procédure d'asile était finie et ils m'ont mis dans 1 hôtel 3 jours. Après je me suis retrouvé dehors avec ma femme et mes enfants pendant 4 jours. Après 4 jours dehors, je suis allé voir la directrice de l'école de mes enfants. Elle a appelé le 115 et ils m'ont trouvé une place dans un gymnase à la Croix-Rousse pendant 12 jours. Puis pendant le Plan froid, ils nous ont mis dans un hôpital Simon Rousseau à Fontaines pendant 2 mois et 3 semaines.
 
Après le plan froid, ils nous ont mis à l'hôtel de la Part Dieu pendant 2 mois et 15 jours.Après on nous a rechangé de place pour un autre hôtel à Saxe Gambetta pour 2 jours. On a appelé le 115 qui nous a dit d'aller à l'hôtel à Gare de Vaise pendant 10 jours. Là on est ressorti et pour aller à l'hôtel Etape à Vaulx en Velin.
 
Là, c'était la galère pour moi et ma famille. On est resté 3 mois, mais sans cuisine, sans argent. On ne savait pas où manger et on ne pouvait pas cuisiner car il y avait pas de cuisine. Et l'école était à 1h30 de transport !
 
Puis le 115 nous a dit qu'il y avait plus de place. Pendant 12 jours j'étais dehors à Fontaines, il pleuvait, il faisait froid. On n'arrivait pas à manger et les enfants sont tombés malades. Ils avaient peur de tout, de se faire arrêter et de se retrouver au Kosovo. Pendant 12 jours, j'ai appelé le 115 tous les jours. Et on m'a dit d'aller à l'hôtel Gare de Vaise pour 5 jours .Maintenant on nous a encore  changé de place, on nous a mis dans un foyer à Vénissieux.
 
On est très fatigué et on a peur d’être arrêtés par la police et d’être renvoyés au Kosovo parce qu'on n’a pas de papiers. Les enfants ont peur d'aller à l'école le matin parce qu'ils me disent qu'ils vont venir nous prendre à l'école. Moi-même j'ai peur de sortir pour aller aux RDV ou quand j'ai quelque chose à faire, parce que je n'ai pas de papiers, je n'ai pas le droit de sortir.
 
Mais les enfants sont très contents d'aller à l'école, d'apprendre quelque chose, de faire ce qu'ils aiment faire...parce que dans leur pays, ils n'avaient pas d'école où aller.
 
Moi je n’ai pas envie de retourner au Kosovo et je pense ne jamais y retourner. Je ne veux plus jamais y aller !





 
Quelques jeunes de la Chorale « Chant’Sans Pap’Yé » en concert. 


Les enfants ont toujours peur quand ils voient la police ; ils se disent, ils vont nous prendre et nous renvoyer au Kosovo. Je ne sais pas pourquoi on ne nous donne pas le droit de rester en France.SVP, laissez-nous vivre en France ; donnez-nous notre droit, donc donnez-nous les papiers... ».
 

Décembre 2015, la famille Salihu est
enfin régularisée
 
Après maintes démarches et péripéties, après des mois de galère et l’accueil chez des bénévoles de l’AAFD, le 27 novembre 2015, la famille a réuni les critères de la circulaire Valls (5 ans de présence et 3 ans minimum de scolarité des enfants) ; elle dépose une demande de Titre de Séjour pour Vie Privée et Familiale. Le 14 décembre, la réponse est positive.
 
Avec ce titre, tant attendu, la famille se sent enfin en sécurité.
Elle ne craint plus de sortir avec la peur d'être arrêtée. Avec les papiers et le droit de travailler, Ragip a obtenu un CDD de 20h/semaine pour nettoyer les parcs de Vénissieux. Il fait aussi quelques heures, de même que sa femme, Qelebije, dans une grande surface.
 
Les enfants, âgés aujourd'hui de 10 à 16 ans, continuent leur parcours scolaire : Denis rentre en 3ème année au lycée automobile de Bron et  continue activement la chorale ; Brikenda qui a rejoint la chorale depuis 3 ans rentre en 4ème ; Blerenda en 6ème et Regjep en CM2.
 
La famille remercie RESF car c'est grâce au réseau et ses collectifs (AAFD Fontaines, RESF Vénissieux, Chant'Sans Pap'Yé) qu'elle a pu tenir et obtenir les papiers : « Si vous n'aviez pas été là, on n'aurait pas eu l'idée de faire ce qu'il fallait pour les démarches. Avec vous, on a eu le courage, la force de rester et continuer ».
 


 

Paroles d'enfants et de jeunes de la chorale « Chant’Sans Pap’Yé »

 
«  Maintenant, on a les papiers, la maison, c'est pour quand ?
«  Je ne veux plus entendre d'enfants crier : papa, police, cacher !
«  Laissez-nous grandir ici !
«  Attention, vous marchez sur mes rêves, moi j'ai plein de rêves !
«  Préfecture, police...Ouf ! RESF ! »
Des liens amicaux et festifs
 
Toute l'année, l’AAFD organise (ou participe à) des évènements avec 3 principaux objectifs :
 
  • sensibiliser sur la question de l'immigration et comprendre les raisons de l'exil.
  • créer des liens amicaux et festifs entre la population et les familles réfugiées.
  • récolter des fonds pour développer l'aide matérielle (abonnements TCL, assurances scolaires, avocats, traductions, timbres fiscaux, hébergement...).
  •  Les familles sont associées et participent à tous les évènements.

    Délégation à la préfecture pour l’alerter de la situation des familles sans toit. 
    De plus en plus de familles accompagnées

    Depuis 2007, l’AAFD accompagne de plus en plus de familles le temps d'achever leurs démarches de régularisation et de subvenir à leurs besoins.
  • 8 familles en 2008 dont 4 ont été régularisées,
  • 16 en 2013 dont  3 ont été régularisées, 
  • 23 en 2014 dont 4 ont été régularisées,
  • 26 en 2015 qui viennent d'Arménie, du Kosovo, d'Albanie, du Congo, d'Iran… et dont 5 ont été régularisées, dont 4 après plus de 5 ans de présence.
  • 26 familles, ce sont 115 personnes, 45 adultes et 70 enfants ou jeunes  de 6 mois à 22 ans.


    Un manque criant de logements


    La question du logement reste toujours très préoccupante avec le 115 saturé et des hébergements non assurés que ces personnes soient régularisées ou non.
    Les événements marquants de 2015 
     
  • 24 janvier : concert à Fontaines St Martin avec les Chant'sans Pap'Yé.
  • Janvier : installation de 3 tentes devant l’école de Fontaines-Saint-Martin pour alerter de la situation de 3 familles alors sans toit.
  • 12 avril : brocante du Sou des Écoles à Fontaines-Saint-Martin, avec une belle journée et une belle recette (700€).
  • Mai-juin : ventes de gâteaux aux sorties des écoles de Fontaines-Saint-Martin et Neuville, ainsi aux sorties de messes paroissiales (Fontaines-sur-Saône,  Sathonay-Village).
  • 21 juin : fête de la musique à Fontaines-Saint-Martin. Repas préparé par les bénévoles et les familles.
  • 3 ateliers d'écriture avec RESF 69. Ils ont permis de réaliser un livret avec textes, photos,  et de nombreux témoignages.
  • Alternatiba : présence au salon avec RESF et les différents collectifs du département.
  • Chant'Sans Pap'Yé : concerts, ateliers écriture et rythmes, répétitions.
  • 31 décembre : réveillon à Fontaines-Saint-Martin, réalisé en partenariat avec l'ASVS. 
  •  
    Très chaude ambiance au réveillon du nouvel an.  



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